Biodivmed
Mission Biodivmed
Révéler la biodiversité marine dans une goutte d’eau
L’ADN environnemental pour une cartographie inédite de la biodiversité marine méditerranéenne
Imaginez que l’océan est une grande scène de crime… mais au lieu d’un crime, il s’agit de découvrir qui vit dans ces eaux. Chaque animal laisse derrière lui de minuscules traces : peau, mucus, écailles, poils ou excréments. Ces indices contiennent de l’ADN, l’empreinte génétique unique de chaque espèce.
Comme dans une enquête policière, les scientifiques collectent ces indices – ici, l’eau de mer – et extraient l’ADN qu’elle contient. Grâce à des techniques de laboratoire sophistiquées, ils peuvent identifier les espèces présentes, même sans jamais les avoir vues. C’est comme retrouver les empreintes digitales d’un suspect : l’ADN environnemental (ADNe) permet de dresser une carte précise de la biodiversité. Mammifères marins, poissons, tortues ou micro-organismes, chacun laisse sa trace invisible mais détectable.
Une technique respectueuse et prometteuse
Traditionnellement, le suivi de la faune marine reposait sur la pêche, l’observation visuelle ou les caméras sous-marines. Ces méthodes sont souvent invasives et partielles, laissant passer certaines espèces furtives, rares ou trop petites pour être observées. L’ADNe, au contraire, permet de détecter toutes les espèces d’un groupe taxonomique donné grâce au metabarcoding, en analysant les traces d’ADN laissées dans l’eau. Ces traces peuvent persister plusieurs heures, offrant un instantané fidèle de la vie marine.
La mission BIODIVMED
Une première mondiale
Depuis 2023, We Are Méditerranée participe activement à BIODIVMED, un programme scientifique majeur dédié à l’étude et à la préservation de la biodiversité marine en Méditerranée. À bord de notre catamaran, nous réalisons des campagnes de filtration d’ADNe, permettant d’identifier même les espèces les plus difficiles à observer. Cette approche offre un panorama inédit de la vie sous-marine et guide les actions de conservation.
Sous l’impulsion conjointe de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, de l’Université de Montpellier et du laboratoire MARBEC-SpyGen, la mission BIODIVMED a réalisé un inventaire synchronisé et standardisé du vivant sur le littoral français et dans le sanctuaire Pelagos. Ce partenariat associe également Andromède Océanologie, Vigilife, OceanoScientific et We Are Méditerranée.
Pour la première fois, la biodiversité marine a été cartographiée à fine échelle et de manière synchrone, de la zone côtière – lagunes, embouchures de fleuves et ports – jusqu’au sanctuaire Pelagos, entre la Corse et le continent.
Des résultats prometteurs
Six mois après la mission, les résultats sont encourageants. Sur 700 prélèvements d’ADNe, 267 espèces de poissons ont été recensées. Parmi elles, l’ange de mer, considéré disparu de la Méditerranée et difficilement détectable, a pu être repéré à plusieurs reprises.
Ce recensement est une aide précieuse pour :
- Lutter contre la pollution ;
- Définir de nouvelles réserves marines ;
- Favoriser une pêche côtière durable.
La mission s’inscrit dans la Stratégie nationale biodiversité 2030 (SNB 2030) présentée par le gouvernement en novembre 2023, et illustre l’impact positif d’un partenariat inédit entre acteurs publics et privés pour la préservation de la Méditerranée.
Reportage par le magazine “Terre Sauvage”
